substantif féminin

ÉTYMOLOGIE

Histoire :
A. 0./B. 0./B. 1./B. 3. « action de s'adapter ou d'adapter, résultat de cette action ». Attesté depuis apr. 1451 [ici au sens de « appropriation, convenance »] (CIBOULE, Livre Sainte Meditacion, in DMF 2009 : Considere quant au corps la matiere, la forme, la multitude des menbres et la connexion, lordre et adaptacion diceux, comment ilz seruent naturellement lung a lautre et secourent lung lautre). Première attestation lexicographique : 1611 (COTGRAVE : Adaptation. An adapting, fitting, or fuiting of one thing to another. Contrairement à ce qu'indique le FEW 24, 133b, et à sa suite le DHLF, le terme n'apparaît pas une toute première fois isolément au 13e siècle, étant donné que le texte cité par GdfC (Expos. reigle S. Ben.) est probablement plus tardif et serait à dater du 15e siècle (cf. RINGENBACH, Bbg Godefroy). -
B. 2. « travail par lequel on transforme une œuvre culturelle pour changer sa destination, l'œuvre nouvelle ainsi réalisée ». Attesté depuis 1539 [en rhétorique] (GRACIEN DU PONT, Art, folio 29, in Gallica : Lay est vng nom ancien à plaisir, duquel pourtant que iaye trauaille mon esperit, ie nay sceu trouuer aulcune bonne approbation, ny adaptation en la dicte forme, pour quelle voulsist dire quelque chose substantialle). -
A. 1. a. « état de ce qui est naturellement approprié (terme de biologie) ». Attesté depuis 1862 (ROYER, De l'origine des espèces1, chapitre 3, page 74, in GOOGLE, Recherche de Livres : Ces merveilleuses adaptations nous frappent dans le Pic et le Gui ; elles existent bien […] en un mot, dans le monde organique tout entier, comme en chacun de ses détails nous voyons d'admirables harmonies [texte anglais adaptations, PECKHAM, Origin, page 144]). -
A. 1. b. « processus par lequel un être ou un organe s'adapte naturellement à de nouvelles conditions d'existence (terme de biologie) ». Attesté depuis 1862 (ROYER, De l'origine des espèces1, chapitre 5, page 173, in GOOGLE, Recherche de Livres : Nous avons toutes raisons de croire que les espèces à l'état sauvage sont étroitement limitées dans leur extension, autant, ou même plus, par la concurrence d'autres êtres organisés, que par leur exacte adaptation [texte anglais adaptation, PECKHAM, Origin, page 287] à tel ou tel climat particulier). -

Origine :
A. 0./B. 1./B. 2./B. 3. Formation française : dérivé du verbe adapter* à l'aide du suffixe -ation (-tion, -sion*) (cf. A. 1. a – Forme ation). Cf. VON WARTBURG in FEW 24, 133b, ADAPTARE.
A. 1. a./b. Transfert linguistique : calque de l'anglais adaptation subst. « processus d'ajustement à de nouvelles conditions » (attesté depuis 1790, Paley, d'après OED2, plutôt que seulement depuis 1802, TORT, Darwinisme, s.v. adaptation, 16). Le terme semble être entré en français à travers la traduction de l'œuvre clef de Darwin, De l'Origine des espèces, faite par la conférencière autodidacte Clémence Royer en 1862. Le substantif adaptation est utilisé par Darwin [1809-1882] dans la première édition de 1859 de L'Origine des espèces. Il semble l'avoir emprunté à William Paley [1743-1805], philosophe britannique, membre du clergé anglican, dont les ouvrages ont beaucoup influencé Darwin et chez qui le terme apparaît dès 1790. « Le point de rencontre entre Darwin et Paley […] réside dans le concept d'adaptation, intrinsèquement corrélé chez Paley à celui de perfection ». Ce concept qui est l'un des problèmes majeurs de l'histoire naturelle est le lien qui unit Darwin à Paley tout en étant le pivot de deux conceptions antagonistes de l'économie naturelle (issue de la tradition linnéenne). La perspective de Paley est arrimée à une vision fixiste du vivant et à une pré-adaptation universelle, tandis que celle de Darwin repose sur une vue radicalement anti-théologique et en la croyance de la puissance de la sélection illimitée (TORT, Darwinisme, s.v. Paley, 3335-3340 ; s.v. adaptation, 16-30 ; DEVILLERS, Théorie, 69-91). Cf. VON WARTBURG in FEW 24, 133b, ADAPTARE, qui ne se prononce pas sur l'origine de ce sens.
Le mot adaptation est d'abord employé au 15e siècle au sens d' « appropriation, convenance » (A. 0.). Au 16e siècle, il est introduit en rhétorique pour désigner l'adaptation d'une œuvre narrative à une situation (B. 2.). Le terme adaptation, qui fit son entrée en sciences naturelles dans la seconde moitié du 19e siècle, pour désigner l'appropriation d'un organe ou d'un organisme à l'accomplissement d'une fonction vitale dans des conditions données notamment l'état structuro fonctionnel de cette adaptation, résultant de ce processus, est un calque de l'anglais adaptation, employé dès 1859 par Charles Darwin dans la première édition de The Origin of species (A. 1. a./b.).
L'adaptation favorise l'accommodation ou l'acclimatation des organismes à leur environnement. Les adaptations découlent de la sélection naturelle, c'est à dire que les individus sont pourvus de caractères héritables qui leur permettent de survivre et de se reproduire. Les adaptations provoquent, ainsi, un ajustement apparent entre un organisme et son milieu. Elles sont souvent complexes et aident les organismes à accomplir des fonctions fondamentales, telles que la capture de la nourriture, l'attraction du partenaire, la reproduction et la défense contre les prédateurs. L'évolution adaptative ne crée pas des organismes parfaits. Elle peut être limitée par des contraintes génétiques, des exigences liées au développement et des compensations écologiques (TORT, Darwinisme, s.v. adaptation, 21-30 ; s.v. Mayr, 2850-2851 ; CAIN, Biologie, 339-353).

Rédaction TLF 1971 - Mise à jour 2009 : Cécile Haut. - Relecture mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld ; Yan Greub.